Qu’y a-t-il aux limites de votre champ de vision ? De quoi sont faits ces espaces liminaux dont la netteté s’estompe au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de votre point de focalisation ? Votre conscience les construit dans la continuité de la réalité tangible que vous percevez. Pourtant, vous semblez parfois y deviner un mouvement, une anomalie, une incongruité. Et quand brusquement vous y faites face pour vous en assurer, tout est conforme, sans étrange artefact qui les parasite.
Tout est conforme ? Il subsiste dans ces espaces une fugace impression d’irréalité, comme s’ils n’étaient pas encore palpables, comme un tableau que l’auteur aurait voulu le plus proche possible de son sujet, sans y parvenir. Et, dans cet infime intervalle où le réel n’est pas encore tout à fait stable, il vous semble possible d’entrer dans le tableau, de traverser le miroir, «to noclip» pour basculer dans une normalité alternative, étrange et inconnue. Vous êtes sur le seuil de la perception. Allez-vous le franchir ?
